Nous nous retrouvons, aujourd’hui, pour inaugurer cet « oratoire » consacré à Notre Dame de la Paix.
Avant d’être placée sur ce terrain de la M.A., cette statue a une longue histoire.
Offerte par Mme Chauveau, elle avait été installée sur la place de la Prairie en mai 1943, pour sa petite fille Annie Lecoindre à l’occasion de sa communion solennelle.
Celle-ci est restée dans ce lieu jusqu’en 1984 (41 ans), date à laquelle elle fut ôtée de son socle pour être remplacée par un abribus.
Notre Dame de la Paix tomba dans un profond sommeil et… sombra dans l’oubli.
La statue N. D.de la Paix fût redécouverte, par hasard en novembre 2008 dans la cave qui se situe sous la sacristie, par l’équipe qui met en place la crèche. Elle gisait sous un tas de planches, entre un christ et une statue du Sacré Cœur situé auparavant avenue de Nantes. (Sacré Cœur offert également par la famille Chauveau à l’occasion de la communion de leur petit fils Yves)
Après cette découverte, il fut décidé de sortir cette statue de sa cure de repos forcé, de 24 ans.
Et, c’est le 10 novembre 2008 qu’elle sortit de sa léthargie, avec l’aide de Bernard Caillaud, Noël Viaud, Jean-Marie Allanic, Michel Girard et Pierre Papin. Tout cela sous le regard attentif de Jean- Marie Gazeau (Prêtre de la paroisse)
N. D. de la Paix est ensuite monté au Paradis, plus précisément au numéro 51, en attendant une éventuelle restauration. Elle était dans un état déplorable.
En effet, lors de son déplacement de la Prairie à la cave de la Sacristie, elle avait perdu en chemin : un bras, n’avait plus de couronne, et l’enfant Jésus tenait dans les bras de sa Mère par l’action du Saint Esprit et était amputé d’une main Avec un seul bras, nous avions à la Séguinière une statue de Notre Dame de la Paix digne de la Vénus de Milo !
De temps en temps elle avait quelques visites rue du Paradis et, elle a attendu le 13 juillet 2009 pour envisager de se refaire une beauté. Avec l’aide d’Alain Maudet, elle est montée chez Didier Bartuel qui a commencé sa restauration. Le 21 avril 2012, elle est redescendue chez Rémy Malicot qui l’a remise en état des pieds à la tête.
En avril 2013 Notre Dame de la Paix était à nouveau présentable.
Une fois restaurée, il a fallu lui trouver un lieu d’hébergement, et c’est tout naturellement que l’association H.P.S. a pris contact avec la M.A. pour trouver un emplacement aux abords de celle-ci.
Ayant eu l’accord du C.A., des membres de l’association H.P.S. ont commencé la construction de cet oratoire le 19 juin 2013 et les travaux se sont terminés le 5 octobre.
La statue a été remise en place le 12 octobre.
(Cet oratoire vous pouvez l’admirer aujourd’hui).
Et ce jour- là, l’équipe des bâtisseurs était présente au grand complet.
La statue repose sur une plaque de marbre. Sous cette plaque, il a été placé une bouteille et, dans celle-ci nous avons introduit un document sur lequel figure les noms de ceux qui ont participé à l’édification de cet oratoire.
C’est Sacha Devanne le petit-fils de Rémy qui a glissé ce document dans la bouteille.
Lecture du document : (Ecrit par Jean- Louis Dillé -lire ci-dessous )
Personnes ayant participé à la construction de l’oratoire :
Yves Caillaud, Eugène - Marie Baudry, Jean-Louis Dillé, Rémy Malicot, Noël Devanne, Catherine Retailleau, René Caillaud, André Drouet (Chef de chantier) René Meunier (pour les plans) et Georges Rochais
Entre la découverte de la statue et sa restauration cinq années se sont écoulées et pendant ses cinq années pas moins de 16 personnes se sont penchées sur son sort, pour qu’elle retrouve sa beauté originelle.
Un grand merci a tous.
Je remercie, également au nom de l’association :
ØMadame Pageau-Lecoindre qui nous a fait un don pour la restauration de la statue,
ØLe C.A. de la Maison d’Accueil pour nous avoir permis d’installer la statue sur leur terrain,
ØLe Directeur de la maison d’accueil qui suivait nos travaux avec attention.
ØJe remercie également la municipalité de la Séguinière pour son aide et qui soutien nos projets de restauration.
Inauguration de l’oratoire Notre Dame de la Paix le 9 novembre 2013
Georges Rochais (Président H.P.S.)
Bonjour à tous,
Nous sommes heureux de partager avec vous ce moment important pour notre association : moment de joie mais aussi moment d’émotion car c’est une page (modeste certes) de l’histoire du patrimoine de la Séguinière que nous avons écrite avec la construction de cet arceau qui deviendra lieu de recueillement une fois sa bénédiction effectuée.
Comment raconter cette construction ? Une liste des étapes serait fastidieuse à écouter. J’ai fait le choix d’anecdotes pour que vous gardiez quelques souvenirs de ce que nous avons vécu.
Chaque après-midi fut différent au niveau des travaux mais ce qu’il y a eu de constant c’est l’ambiance de travail et la bonne humeur : nous étions le plus souvent quatre Dédé, Yves, Eugène Marie et moi et on peut dire qu’on a passé de bons moments : Yves a participé largement à nous faire rire sauf le jour où il s’est tordu le genou en marchant sur une pierre. Chacun était à son poste et chacun donnait son avis pour prendre les décisions sur l’avancement du travail, sur la programmation des différentes étapes. Ce qu’il y a eu de constant aussi c’est la convivialité du chantier: nous avons eu de nombreuses visites, des résidents bien sûr, des curieux, des gens de passage, mais le plus assidu et le plus prolixe en commentaires fut certainement René Baudry qui est venu chaque jeudi avec sa bouteille de rosé. René Meunier, celui qui a fait les plans, est venu nous voir et lui aussi avec sa bouteille. Des pauses étaient donc nécessaires.
Voici quelques anecdotes :
Une des premières, sans doute sans importance mais assez bizarre que je vais mettre en lien avec une autre anecdote survenue vers la fin du chantier ; figurez-vous qu’en creusant les fondations pour couler le socle en béton, nous avons ressorti quelque chose qui ressemblait à un caillou tout rond tout lisse qui a attiré le regard de Dédé… quand on creuse on trouve parfois des surprises : celle-ci était une simple noisette enfouie sous 20 à 30 centimètres de terre très compacte. Elle aurait dû pourrir depuis tout le temps qu’elle était là ! Une noisette ici alors qu’il n’y a pas de noisetier… elle était peut-être dans le remblai… Ou alors c’est un écureuil qui l’avait apportée… et ceci rejoint l’autre anecdote, plus macabre celle-ci ; vers la fin de chantier nous avons découvert dans notre bidon qui sert de réserve d’eau, un écureuil mort ; sans doute a-t-il voulu se désaltérer et est tombé dans le bidon sans pouvoir en ressortir. Une noisette au début … un écureuil à la fin … mais pas de sponsor.
Le chantier a commencé le 12 juin ; il convient de raconter dans le détail une autre anecdote : l’abattage de l’arbre qui était situé derrière l’édifice.
C’était René Caillaud qui officiait en tant que bûcheron. Normalement, selon les différents avis, l’arbre devait tomber là… entre le talus et le jeu de boules…sauf qu’une grosse branche a gêné la chute et a bloqué l’arbre. René a dû couper cette grosse branche qui est venue se ficher en terre près du jeu boule et s’enfoncer de quelques centimètres dans le sol meuble tel un arbre qui aurait poussé là.
Mais notre arbre n’est pas tombé pour autant et il a fallu le couper en tronçons pour que, petit à petit, il tombe enfin à terre. Et c’est là que Georges découvre qu’il y a un autre arbre qui gêne près du jeu de boule (la fameuse branche qui s’était fichée dans le sol) … Nous le laissons dans sa méprise en lui disant que nous n’avons pas l’autorisation de le couper, que nous n’en avons pas parlé au directeur de la maison d’accueil… Eugène lui dit ça très sérieusement. Mais Georges qui n’a pas fait le lien avec la branche décide que cet arbre est gênant : « Je vais aller en parler au directeur et lui dire que nous allons l’abattre… » Nous retenons nos rires mais nous n’avons pas osé aller plus loin dans la méprise; nous lui faisons remarquer que c’était la branche de l’arbre… Georges, honteux et confus, promit que l’on n’y reprendrait plus… et s’est qualifié lui-même d’adjectifs que je tairais pour caractériser le ridicule de son intention… et pourtant le rosé n’avait pas encore été servi.
Le toit de l’édifice,… Initialement, ça devait être un toit avec chevrons et tuiles ou alors une voûte en zinc. Et puis notre maçon Dédé a proposé une voûte en béton type « cul de four ». Et ça, il sait faire ! Je l’entends nous dire « J’ai coffré des escaliers en arrondi chez Desfontaines ».C’est donc Dédé la science qui met en œuvre son savoir-faire, qui prépare les gabarits, qui découpe les cintres en bois, qui dirige toutes les étapes du coffrage et du coulage du béton. Pour votre information, voici quelques étapes : il faut d’abord réaliser un plancher étayé avec des pièces de bois horizontales solidement fixées car elles vont supporter des ¼ de disque en bois vissés verticalement, eux-mêmes recouverts de planchettes , elles-mêmes recouvertes d’un fin contre-plaqué capable de former l’arrondi de la voûte. Ensuite il faut recouvrir le tout de plâtre bien lisse ; c’est cette dernière couche de plâtre qui va faire la qualité de la voûte intérieure. On badigeonne avec de l’huile pour éviter que le béton accroche sur le plâtre, on ferraille et on coule le béton. Facile non ???
Ce qui est impressionnant dans ce chantier, c’est la récupération des matériaux qui ont eu une seconde vie dans cette construction. Pensez que les panneaux en plastique sur lesquels étaient affichés tous les morceaux de viande vendus dans la boucherie Drouet, ont servi de coffrage car ils sont parfaits pour former le cintre régulier de la construction. La paillasse de marbre qui a vu passer saucisses, andouilles et pièces de viande, se retrouve désormais sous les pieds de la statue, grâce aux mains expertes de Rémy Malicot. Sachez aussi que les pierres de granit rose qui forment la façade du socle viennent de la maison de retraite de St André de la Marche et qu’elles attendaient elles aussi, depuis des années chez Eugène Marie, une seconde vie.
Que dire aussi des fins de journée ? Chaque fois le chantier était nettoyé par notre ami Yves (je crois qu’il s’est appelé lui-même le M. Propre) c’est aussi lui qui a servi de gabarit car il a les mêmes mensurations que la statue ! Il se plaçait régulièrement à l’intérieur et on a pu ainsi régler la hauteur de la voûte. Chaque fin d’après-midi, avant de nous quitter, nous regardions le travail réalisé, nous commentions l’avancement de l’ouvrage et nous projetions les étapes suivantes. Chaque fois, j’ai ressenti une réelle satisfaction : celle d’un travail collectif et c’est peut-être ça qui est important dans cette petite réalisation, nous étions là parce que nous l’avions choisi ce projet commun; nous n’avions jamais travaillé ensemble, nous avons appris à nous connaître et c’est la conjugaison d’efforts, c’est l’ensemble des savoir-faire, des idées, c’est la motivation de chacun qui a fait cette réalisation.
Pour celles et ceux qui ne savent pas, une bouteille vide (dont le contenant a certainement été du rosé) est scellée sous la statue ; elle renferme un document qui raconte succinctement l’histoire de cette construction avec les noms de ceux qui ont participé, manière de rappeler peut-être dans 100 ans que cette petite construction, c’est toute une histoire.
Dans un autre lieu s’effectuait le lifting, que dire, la chirurgie esthétique de la statue. Refaire des bras, un pli de robe, une couronne, une main c’est même de la chirurgie plastique de reconstruction. Et notre chirurgien a été Rémy Malicot; il lui a fallu du doigté, de l’imagination, de la ténacité pour arriver à ce résultat ; il a fallu beaucoup d’heures de travail pour redonner à la statue mutilée son aspect initial à quelques modifications près. En effet, ceux qui l’ont connue à la Prairie se souviennent qu‘elle tenait un globe dans la main droite surmonté d’une croix. Une belle main est très difficile à réaliser. Rémy a donc remoulé un globe qui masque une partie de la main et cela a simplifié le travail, mais le symbole du globe renforce l’inscription ‘Notre dame de la Paix’ qui avait certainement été choisie en fonction des événements de l’époque puisque nous étions en pleine guerre 39-45. Avec ce globe à la main, c’est une paix pour le Monde. Après avoir retrouvé son intégrité, la statue fut confiée à Noël Devanne qui, avec ses pinceaux, lui donna son éclat d’aujourd’hui, sa beauté initiale.
Le transfert eut lieu le samedi 12 octobre. Il fallait prendre toutes les précautions pour la transporter sans l’endommager. C’est Eugène Marie qui a préparé la manœuvre et il n’a pas manqué d’imagination ; il a trouvé la remorque idoine mais aussi de confortables et épais coussins de canapé pour transporter la statue en position allongée. Le RV avait été fixé à 9 h chez Rémy pour une installation qui devait finir à 11 h 30. A 10 h 30, malgré une météo capricieuse, la vierge était installée. La remettre en position verticale a nécessité la force de quatre costauds qui ont du s’y reprendre à deux fois. Eugène a disposé de deux solides madriers entre l’édifice et la remorque et sanglée et maintenue, la statue a été glissée sans difficulté sous la voûte puis scellée quelques jours plus tard. La joie et la satisfaction se lisaient sur tous les visages.
La voici maintenant ici pour de longues années, du moins nous l’espérons. Le cadre est champêtre un peu à l’écart, sous les arbres, c’est un cadre tout à fait idéal discret et calme ; c’est un lieu propice au silence, à la méditation, c’est un lieu reposant, un lieu de paix.
Merci de votre écoute.
A la Séguinière,
Jean-Louis Dillé, le 9 novembre 2013